Narration

Lors ce cinquième et estival épisode, Echelle 1 a planté son décor sur la prairie de la Campagne Pastrée, pour aborder le thème du zoom durant un épisode où les règles ont été légèrement modifiées. Intégré à l’évènement «La Nuit Pastrée», parcours poétique nocturne du GMEM, le temps de narration a été scindé en 3 chapitres repartis sur la soirée, entre le jour et la nuit, accompagné de musiciens.
La question du zoom et du dézoom donc, de la variation d’échelle, et le bruit du zoom : un bruit amplifié lorsqu’on zoom, qui s’atténue lorsqu’on dézoom.
A travers The Power of Ten, de Charles et Ray Eames dont les images se déroulent tout autour des spectateurs, nous passons du zoom le plus marqué, les cellules de la peau, ou dézoom maximum de la vue depuis la voie lactée.
Le zoom, même s’il permet de mieux voir quelque chose, de s’en approcher, d’en faire la mise au point, peut-être parfois être trompeur, ou trop près, au point de ne plus comprendre ce qui est regardé, d’où la nécessité de prendre du recul, de dézoomer, jusqu'à accèder aux constellations de la musique célèste.

 

 

La science agrandit les opinions naturelles, elle ruine la grandeur des idées. Une tte petite idée confuse est toujours plus grande qu'une très grande idée absolument claire.

Giacomo Leopardi

 

Ces immenses masses d’un calcaire gris et azuré, sur les pentes desquelles poussent avec peine quelques buissons rabougris, dont le soleil et la poussière blanchissent encore les feuilles grisâtres. Rien de plus morne, de plus triste, que la perspective de ces masses grandioses : il semblerait que les hommes n’eussent jamais pu raisonnablement songer à planter leurs tentes sur les assises désolées de ces remparts de pierre, que Dieu n’avait placés là que pour garantir la côte des envahissements de la mer.

Alexandre Dumas, Le fils du forçat

 

A peine la girafe se trouva-t-elle au milieu de ces rocs nus et pelés, qu’elle releva la tête, ouvrit ses naseaux, frappa le sol du pied, et, voyant jaillir autour d’elle un sable aussi brûlant que le sable natal, elle se crut revenue dans le Darfour ou le Kordofan, et bondit si folle et si joyeuse qu’elle tira sa corde des mains de son conducteur, lui sauta par-dessus la tête, et disparut derrière un rocher.

[...]

Couchée de tt son long dans ce beau sable africain qui lui avait rendu la vie.

Alexandre Dumas, Nouvelles Impressions de voyage (Midi de la France)

 

L'oeil du poëte, roulant dans un beau délire, lance son regard du ciel à la terre, et de la terre aux cieux ; et comme l'imagination donne un corps aux objets inconnus, la plume du poète leur imprime de même des formes, et assigne à un fantôme aérien une demeure et un nom particulier.

William Shakespeare, Songe d’une nuit d’été

 

Un monde où les sons se rompent en montant et descendant à travers les anfractuosités du terrain et en contournant angles et obstacles, ils s’estompent et se propagent indépendamment de la distance…

Italo Calvino

 

La possibilité d’une musique construite spécialement pour « le plein air » toute en grandes lignes, en hardiesses vocales et instrumentales qui joueraient et planeraient sur la cime des arbres ds la lumière de l’air libre. Telle succession harmonique paraissant anormale ds le renfermé d’une salle de concert y prendrait certainement sa juste valeur.

[…]La collaboration mystérieuse des courbes de l’air, du mouvement des feuilles et du parfum des fleurs s’accomplirait… Et les bons arbres tranquilles ne manqueraient pas à figurer les tuyaux d’un orgue universel, ni à prêter l’appui de leurs branches à des grappes d’enfants …

Claude Debussy, Monsieur Croche

 

L'harmonie, rien qui mérite l'attention d'un honnête homme, ne consiste que dans le battement de l'air. Elle ne sert qu'à faire passer et perdre le temps […] honnête divertissement, et une récréation innocente.Mais le jeu des cartes, des dés, de la paume, et plusieurs autres donnent des divertissements aussi honnêtes et agréables, et qui sont plus charmants sans comparaison, puisque l'on y passe les jours et les nuits sans l'apercevoir, et sans qu’il soit besoin des grds préparatifs qui sont nécessaires à la Musique, qui n'a point de plus grande industrie que de rompre le silence.

Marin Mersenne, à propos de la musique, Questions Harmoniques

 

Ceux qui ont l'esprit, et le jugement solide, ne peuvent entendre parler des joueurs de luth, de violon, ou des autres instruments qu'ils ne s'en rient, comme de jongleurs et des ménestriers, qui n'ont l'esprit et les mains propres qu'à servir de plaisantins, et à faire passer le temps à ceux qui sont indignes d'avoir du temps, puisqu’ils l'emploient si mal et si inutilement.peu d'honnêtes gens s'emploient à ce métier, si infâme, et si décrié ; ceux qui savent la Musique n'osent le confesser dans la compagnie des hommes savants, sans rougir de honte, ou sans passer pour des hommes de peu de jugement.

Marin Mersenne, à propos des musiciens, Questions Harmoniques

 

L'oeil du poëte, roulant dans un beau délire,lance son regard du ciel à la terre, et de la terre aux cieux ;et comme l'imagination donne un corps aux objets inconnus,la plume du poète leur imprime de même des formes,et assigne à un fantôme aérien une demeure et un nom particulier.

William Shakespeare, Songe d’une nuit d’été

 

Ombres que nous sommes, si nous avons déplu,figurez-vous seulement (et tout sera réparé)que vous n’avez fait qu’un somme,pendant que ces visions vous apparaissaient.Ce thème faible et vain, qui ne contient pas plus qu’un songe,gentils spectateurs, ne le condamnez pas ;nous ferons mieux, si vous pardonnez. Oui, foi d’honnête mappe,si nous avons la chance imméritéed’échapper aujourd’hui au sifflet du serpent,nous ferons mieux avant longtemps,ou tenez le plan pour un menteur.Sur ce, bonsoir, vous tous.

William Shakespeare, Songe d’une nuit d’été