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Lettres et mots

La Plaine - Marseille

Avec le duo graphiste - typographe du collectif Gusto

le 15 septembre 2013

Narration

Pour ce sixième épisode, Echelle 1 s’est installé en ville, au coeur de Marseille, à la Plaine, pour aborder le thème des lettres et des mots dans les cartes.
Ce jour là, la Plaine est comme un grand rectangle vide, une page blanche sur laquelle écrire un nouveau tour du monde, en référence à celui, jadis, présent au centre de la place.
Accompagné de deux traductrices de langage des signes, le narrateur nous a raconté l’histoire de la Plaine, sa création, place aux nombreux noms : la Plaine, Place Jean Jaurès, place St Michel, ses dimensions 220 x 110, soit 2,5 ha, soit 4 terrains de foot, la présence  jusqu’en 1936, du Tour du Monde, au centre de la Plaine, bassin circulaire sur lequel les enfants naviguaient et faisaient alors le tour du Monde : une représentation réduite du monde.

 

Les cartes

 

Mappage

Basés sur la présence du Tour du Monde, maintenant disparu, le projet des GUsto était alors une sorte de recréation graphique et typographique de ce tour du monde. Les grilles entourant le terte, ancienne île symbolisant le monde, étaient ici le support d’une cartographie imaginaire inspirée des noms de rues marseillaises. Rues marseillaises dont les noms renvoient à des lieux, à des termes géographiques, mais qu’on ne peut situer précisément.
Les mappeurs ont alors baptisé une rue d’un nom de lieu qui leur était cher puis de le peindre en rouge sur un carton. À la manière de l’ancien tour du monde, les mappeurs se sont fait photographier avec leur "enseigne" afin de constituer un grand répertoire visuel des noms de rues. Pour recréer le tour du monde, les mappeurs ont ensuite accroché leur pancarte sur la grille jouant le rôle de globe terrestre. Enfin, les mappeurs ont tracé au sol à la craie la représentation de leir lieu, sous forme de boulevard, impasse, passage, ruelle, parc, place, afin de tisser un lien entre imaginaire et concret dans une cartographie éphémère de la ville.

 

Oeuvre et artiste : Excursion - collectif Gusto

Suite à une état des lieux du patrimoine typographique de la ville, récolté, au fil de leurs excursions à travers Marseille, les GUsto ont collectés cinq police de caractères et une collection de pictogrammes : la collection Excursion, présentée au Lièvre de Mars à la même occasion que l'épisode Echelle 1 de la Plaine.

La présentation du travail du collectif Gusto s’est articulée avec le temps de mappage participatif en utilisant l'une de ces polices de caractère Excursion.

 

www.gusto.fr

fotokino.org

Workshop

Avec les étudiants de DSAA Communication Visuelle du lycée Saint Exupéry

Le répertoire des nouveaux noms de rues de Marseille

La forme d'une ville change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel.

Charles Baudelaire

 

En France depuis 1895 on a organisé l’assurance pour les mineurs, et depuis plusieurs années, de grandes lois assurément incomplètes, mais grandes tout de même, ont été votées. Une en vertu de laquelle après 70 ans tout citoyen sans ressource a droit à une pension de vieillesse, et une autre sur les retraites ouvrières, approuvée il y a quelques mois, qui fixe l’âge du départ à la retraite à 65 ans, mais qui, comme l’a promis le gouvernement aux députés socialistes, sera bientôt ramenée à 60 ans.

Et le mot d’étranger, le triste mot d’étranger, perd tout ce qu’il avait de sa brutalité et de sa tristesse : l’ouvrier, quelque soit son pays d’origine, lorsqu’il est loin de sa patrie, de sa douce terre natale, … se sentira protégé par la communauté universelle du droit social et toutes les nations apprendront à respecter chez l’étranger un homme et un frère.

Jean-Jaurès

 

Je mesure à lent pas, d'un esprit solitaire,

Le plan de saint-Michel et, d’un cœur soucieux,

Je cherche là et là les plus sauvages lieux

Pour y plaindre le mal qu’hélas je ne puis taire.

Pierre de Deimier

 

Chaque fois que je descendais à Marseille avec mon père, il me payait ça. Je montais dans la barque et j'étais navré de le quitter, car il restait à terre. Il restait à terre et il faisait lentement le tour du bassin en même temps que moi, car il était navré de me quitter.

Jean Giono, Noé

 

Mon père me menait faire ce tour-là. Il restait bien entendu sur le rivage. Je faisais ainsi mes exercices de déchirement. C’est fort utile, et mon père le savait. Il mettait pour la circonstance sa chemise blanche et se faisait faire soigneusement son petit nœud de cravate noire. Il était ainsi très beau. Naturellement bon, je le soupçonne d’avoir été ces jours-là, et par calcul, particulièrement bon. Dès que les rocailles de l’île me le cachaient, c’était la fin de tout, comme à Venise. Cela ne durait qu’une minute, la prochaine courbe du bassin me le rendait. Mais perdre est une sensation définitive ; elle n’a que faire du temps. Quand on a perdu quelqu’un, on a beau le retrouver, on sait désormais qu’on peut le perdre. En débarquant, mon père me serrait la main, comme à un homme, et nous quittions la place Saint-Michel en affectant une très grande indifférence.

Jean Giono, Voyage en Italie

 

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